Visite du pape en Corse : «La foi ne reste pas un fait privé», affirme François qui défend une «saine laïcité»
1 Corinthiens 2
…12Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. 13Et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. 14Mais l'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge
Visite du pape en Corse : «La foi ne reste pas un fait privé», affirme François qui défend une «saine laïcité»
Par Jean-Marie Guénois envoyé spécial à Ajaccio
À peine arrivé à Ajaccio, le pape a encouragé les Corses à vivre une «citoyenneté constructive» fondée sur une laïcité qui n’est «pas statique ou figée» où les chrétiens jouent un rôle à part entière dans la société.
Arrivé en Corse ce dimanche 15 décembre dans la matinée pour une visite historique d’une journée sur l’île de Beauté où il a été très chaleureusement accueilli dans les rues d’Ajaccio par une foule nombreuse, le pape François a profité de sa participation à un congrès sur la religiosité populaire, pour relancer l’idée d’une «saine laïcité», reprenant le mot de Benoît XVI qui avait déjà développé cette idée. «La foi ne reste pas un fait privé qui s’épuise dans le sanctuaire de la conscience», a expliqué François, «elle implique un engagement et un témoignage envers tous pour la croissance humaine, le progrès social et la protection de toute la création, sous le signe de la charité.»
Il s’agit en effet de promouvoir une «citoyenneté constructive», mue par «l’audace de faire le bien» où «les croyants peuvent se retrouver sur un chemin commun avec les institutions laïques, civiles et politiques, pour travailler ensemble à la croissance humaine intégrale et à la sauvegarde de cette ’île de beauté’». Cette alliance est une «nécessité» car il faut «développer un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace.»
Entrelacement, sans confusions
Citant alors Benoît XVI, son successeur a ajouté : une «saine laïcité signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux». Avec cet effet attendu, toujours selon le pape allemand : «Une telle saine laïcité garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme, voire même contraire, à la croyance. C’est pourquoi la saine laïcité, unité et distinction, est nécessaire, et même indispensable aux deux.» Ainsi, François espère que «plus d’énergie et plus de synergies peuvent être libérées» entre l’Église et les autorités publiques «sans préjugés et sans opposition de principe, dans le cadre d’un dialogue ouvert, franc et fructueux».
En ce sens, «la piété populaire, très profondément enracinée ici en Corse» peut réaliser «cet entrelacement, sans confusions, que se noue le constant dialogue entre le monde religieux et le monde laïc, entre l’Église et les institutions civiles et politiques». La «piété populaire» désigne une modalité simple de prier, notamment par des processions, ouverte à tous. Le cardinal Bustillo, évêque d’Ajaccio, a ainsi défini la religiosité populaire en accueillant le pape : «Lors des événements publics concernant notre foi, nous constatons un important principe de liberté et d’égalité. Dans la rue, tous se retrouvent au même niveau : très pratiquants, peu pratiquants, curieux».
De ce point de vue le pape a même présenté la Corse comme un exemple pour l’Europe : « Sur ce sujet, vous êtes en route depuis longtemps et vous êtes un exemple vertueux en Europe. Continuez sur cette voie ! Et je voudrais encourager les jeunes à s’engager encore plus activement dans la vie socioculturelle et politique, sous l’impulsion des idéaux les plus sains et de la passion pour le bien commun». En effet, a expliqué François : «La foi chrétienne a éclairé la vie des peuples et de leurs institutions politiques, alors qu’aujourd’hui, surtout dans les pays européens, la question de Dieu semble s’estomper ; et nous nous retrouvons toujours plus indifférents à sa présence et à sa Parole. Il faut cependant être prudent dans l’analyse de ce scénario et ne pas se laisser aller à des considérations hâtives ni à des jugements idéologiques qui opposent parfois, encore aujourd’hui, la culture chrétienne et la culture laïque».
Enfin, le chef de l’Église a conclu sur ce qu’il attend des responsables de la société : «J’exhorte les pasteurs et les fidèles, les hommes politiques et ceux qui exercent des responsabilités publiques à rester toujours proches des peuples, en écoutant les besoins, en comprenant les souffrances, en interprétant les espoirs, parce que toute autorité ne grandit que dans la proximité». Un message pour la Corse et pour… la France. En milieu de journée le pape est attendu dans la cathédrale pour une rencontre avec le clergé, puis il célébrera une messe en plein air en milieu d’après-midi. Le président de la République viendra saluer le chef de l’Église catholique avant son retour à Rome prévu à 18 heures
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