Bétharram : après plus de 150 plaintes en un an, le rectorat inspecte l'établissement
L’école Le Beau Rameau, anciennement connue sous le nom d’institution Notre-Dame de Betharram, à Lestelle-Betharram, près de Pau, le 21 février 2025. ALEXANDRE DIMOU / REUTER
Bétharram : après plus de 150 plaintes en un an, le rectorat inspecte l'établissement
Par Le Figaro avec AFP
Publié le 17 mars 2025 à 04h48
Trois décennies après sa dernière inspection, l'établissement Notre-Dame-de-Bétharram, épicentre d'une vague de dénonciations d'agressions sexuelles et de violences passées au sein de l'enseignement catholique, est contrôlé par le rectorat de Bordeaux à partir de lundi.
Le 14 février, alors que le scandale éclaboussait le Premier ministre François Bayrou, dont plusieurs enfants ont fréquenté ce collège-lycée sous contrat où son épouse a enseigné le catéchisme, le ministère de l'Éducation avait demandé à l'académie «d'avancer» la date de sa venue à Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). Sollicitée en amont par l'AFP, cette dernière n'a pas donné de détails sur cette inspection, indiquant simplement que la rectrice ferait un point presse lundi après-midi à Bordeaux «à l'occasion du premier jour du contrôle» de l'établissement.
La ministre de l'Éducation, Elisabeth Borne, a assuré qu'elle prendrait «les mesures qui s'imposent» en fonction des conclusions de cette inspection, dans une interview à la Tribune dimanche, où elle annonce un renforcement des contrôles des établissements privés sous contrat, dont la Cour des comptes avait dénoncé l'insuffisance en 2023.
Grâce au déploiement de «60 inspecteurs supplémentaires», «40% des établissements privés sous contrat seront inspectés dans les deux prochaines années», a-t-elle précisé, promettant aussi une remontée désormais «systématique» des faits de violences dans ces structures, qui scolarisent plus de deux millions d'élèves. Le conseil départemental, qui finance partiellement les travaux engagés par les collèges privés sous contrat, conditionnera, lui, la subvention de l'institution béarnaise au respect de son contrat avec l'État.
Ce rapport «ne tient pas la route actuellement»
La précédente - et unique - visite d'un inspecteur dans l'établissement, rebaptisé Le Beau Rameau («bèth arram» en béarnais) en 2009, remonte au printemps 1996. Une plainte, déposée par le père d'un adolescent au tympan crevé par la violente claque d'un surveillant laïc, avait alors attiré l'attention pour la première fois sur cette institution fondée en 1837.
À l'époque, François Bayrou est ministre de l'Éducation et diligente une enquête administrative. Le rapport, rédigé après une dizaine d'entretiens menés sur place en quelques heures, affirme que Notre-Dame-de-Bétharram «n'est pas un établissement où les élèves sont brutalisés». Ce rapport «ne tient pas la route actuellement», a regretté le mois dernier son auteur, âgé de 88 ans aujourd'hui.
«Cette inspection était bidon, artificielle, ils étaient avertis de sa venue», avait commenté dans la foulée le père du plaignant de 1996. «Si ce monsieur avait fait son travail (...) le procureur aurait été saisi et on aurait évité tous les viols et violences perpétrés ensuite pendant une dizaine d'années», avait déploré Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram.
Le parquet de Pau a reçu depuis un an plus de 150 plaintes visant d'anciens religieux et personnels laïcs pour violences, agressions sexuelles et viols, quasi tous prescrits
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