Hernies discales, endométriose, cancers… Mieux traiter les douleurs grâce à la radiologie

La radiologie ne sert pas seulement à produire des images médicales figées. Elle peut aussi être utilisée pour guider en temps réel les interventions qui nécessitent de cibler très précisément une partie donnée du corps. On parle alors d’« algoradiologie interventionnelle ». Mal connue, cette discipline est pourtant particulièrement utile dans la prise en charge de certaines douleurs. Lorsque l’on pense « radiologue », on imagine un spécialiste du décryptage des clichés médicaux. Mais tous ne font pas que lire des images : en mettant à profit les capacités de plus en plus performantes des appareils d’imagerie médicale (caméras à rayons X, scanners ou échographes), un nombre croissant d’entre eux se spécialisent en effet dans le traitement de certaines pathologies. C’est par exemple le cas des radiologues pratiquant l’algoradiologie interventionnelle, qui vise à améliorer la prise en charge de la douleur grâce aux techniques de radiologie. Explications. La radiologie, un outil polyvalent L’algoradiologie interventionnelle consiste à utiliser les outils de radiologie (scanner, échographie, caméra à rayons X, parfois associés) pour visualiser et guider en temps réel les instruments permettant de réaliser un traitement. La précision ainsi obtenue permet d’atteindre avec certitude l’objectif choisi, tout en offrant une sécurité maximale. Il est ainsi possible d’éviter les erreurs de positionnement de l’aiguille, les blessures des organes voisins et d’apporter une garantie technique avec une preuve que le traitement a été réalisé au bon endroit. Ce type d’approche peut être employé par exemple pour réaliser une infiltration, geste consistant à injecter un produit à un endroit précis du corps. Il peut s’agir de traiter une douleur tendineuse chez un jeune patient sportif, une douleur nerveuse liée à une hernie discale ou une douleur liée à une métastase d’un cancer. Cependant, toute douleur tendineuse, nerveuse ou cancéreuse ne relève pas d’une infiltration, tant s’en faut. Par ailleurs, étant donné le nombre de points d’injection possibles (une trentaine sur la colonne lombaire, par exemple), le choix du traitement doit bien être réfléchi. L’importance de la consultation préalable Afin de déterminer si une procédure apparaît pertinente, le radiologue interventionnel reçoit les patients en consultation. Cet échange est l’occasion d’écouter la plainte douloureuse, et d’analyser les imageries réalisées au préalable. Il permet à l’expert d’effectuer une « corrélation radio-clinique », autrement dit de confronter ce que lui indique le patient concernant sa douleur avec les « anomalies » vues en imagerie. Il est en effet très fréquent que des « anomalies » visibles sur des examens d’imagerie ne soient responsables d’aucun symptôme. Ainsi, chez bon nombre de personnes ne se plaignant de rien, l’imagerie médicale révèle des « lésions » ou des altérations (arthrose, pincement de disque intervertébral, hernies discales…) qui sont donc en réalité indolores. À l’inverse, il est très fréquent que la plainte douloureuse d’un patient ne se traduise par aucune anomalie en imagerie : en 2025, aucune technique ne permet encore de voir la douleur ! En fonction du résultat de la consultation, l’algoradiologue interventionnel choisira l’approche la plus appropriée. Il dispose en effet dans sa boîte à outils d’un panel de techniques plus ou moins complexes. Celles-ci sont mises en œuvre majoritairement sous anesthésie locale (injection du produit anesthésiant sous la peau). Toutefois dans certains cas, une anesthésie partielle (« sédations ») ou une anesthésie générale peuvent être nécessaires. Dans ce dernier cas, l’anesthésie est complète, avec perte totale de la conscience et de la perception du corps. La sédation consiste quant à elle en une sorte d’« anesthésie générale légère » : la personne reste en conscience et peut percevoir des signaux venant de son corps. Souvent décrit par les patients comme un « demi-sommeil », cet état offre la garantie parfaite qu’aucun nerf ne sera blessé dans la procédure, la douleur étant encore perceptible (contrairement à l’anesthésie générale). Traiter les douleurs articulaires et tendineuses Comme mentionné précédemment, le traitement des douleurs articulaires ou tendineuses passe généralement par le recours aux infiltrations. Cette approche consiste à injecter un produit aux propriétés anti-inflammatoires (souvent des corticoïdes) directement dans l’articulation, le tendon ou le nerf concerné. Les infiltrations peuvent aussi être utilisées pour délivrer des produits anesthésiques, afin de tester si une structure est en cause dans la plainte douloureuse. Parfois, des concentrés plaquettaires (provenant d’une prise de sang réalisée pendant l’infiltration) sont également employés, afin de favoriser la cicatrisation. Ils sont essentiellement injectés pour traiter des douleurs tendineuses chroniques. Au-delà de cette stratégie qui consiste à traiter directement la structure anatomique en cause, il est aussi possible d’agir sur les voies de la douleur, c’est-à-dire sur les fibres nerveuses qui conduisent l’information douloureuse jusqu’au cerveau, afin de la bloquer. Si le cerveau ne reçoit plus cette information, il ne fabriquera plus la sensation douloureuse ! À cet effet, les fibres nerveuses peuvent être « endormies » en appliquant du chaud (neurolyse par thermocoagulation) ou du froid (cryoneurolyse : application de températures très basses, de l’ordre de -70 °C, sur les fibres nerveuses). Une technique récente a également été développée pour traiter la douleur arthrosique du genou : l’embolisation, qui consiste à boucher de tout petits vaisseaux sanguins. Le phénomène d’arthrose douloureuse s’accompagne en effet d’un développement de terminaisons nerveuses générant la douleur ; ces petits nerfs ont besoin de sang pour fonctionner, lequel est amené par des petites artères se développant dans l’os ou dans la membrane articulaire. Boucher les tout petits vaisseaux revient à « étouffer » ces petits nerfs qui ne peuvent plus véhiculer la douleur. Atténuer les douleurs vertébrales Les « tassements » vertébraux sont des fractures spontanées des vertèbres. Elles peuvent faire l’objet d’une injection de ciment médical si elles sont très douloureuses, mal gérées par les médicaments, ou ne cicatrisent pas après un certain délai. On obtient ainsi une consolidation dans l’heure suivant la procédure. Il s’agit de l’une des interventions d’algoradiologie interventionnelle dont les effets peuvent être les plus spectaculaires pour les patients. Procédure de fragmentation de hernie discale sous anesthésie locale et guidage mixte par scanner et radioscopie Procédure de fragmentation de hernie discale sous anesthésie locale et guidage mixte par scanner et radioscopie. Sur les images IRM (à gauche, en haut et bas), identification d’une hernie discale (étoiles rouge et jaune) comprimant les nerfs de la colonne lombaire (étoile bleue) chez un patient souffrant d’une sciatique. Sur les images de guidage par scanner, notre instrument est introduit précisément dans la hernie en évitant les nerfs. L’image en bas à droite montre le guidage complémentaire par caméra à rayons X qui permet de suivre en temps réel la position de l’instrument. Jean-François Budzik L’algoradiologie peut aussi être employée en cas de douleur de type sciatique ou cruralgie. Ce type d’affection, lié à une compression nerveuse (le plus souvent par une hernie discale), se règle majoritairement soit par la prise de médicaments, soit par infiltrations afin de traiter l’inflammation du nerf qui est la cause essentielle de la douleur. Dans une minorité de cas, la décompression du nerf par action sur la hernie discale peut être nécessaire. La radiologie interventionnelle offre alors la possibilité de traiter certaines hernies sous anesthésie locale, via une petite incision, en introduisant une aiguille spéciale dans la hernie : il s’agit de la herniectomie percutanée. Enfin, si la gestion de la douleur d’origine arthrosique du dos (lombalgie) repose majoritairement sur des solutions non interventionnelles, et non chirurgicales, dans certaines situations, des infiltrations ou l’inactivation par le chaud et le froid de la transmission au cerveau des signaux douloureux peuvent être utile Il est cependant aujourd’hui admis que l’activité physique et le renforcement musculaire sont la clef de la gestion des douleurs les plus communes dues aux lombalgies. Les douleurs dues à l’endométriose L’endométriose pariétale peut être responsable de douleurs pelviennes très handicapantes, notamment pendant les règles. Cette pathologie est due au développement, à l’extérieur de l’utérus, d’un tissu ressemblant à la muqueuse utérine (endomètre). La formation de tels nodules sur la paroi du ventre, survenant souvent sur d’anciennes cicatrices chirurgicales ou de césarienne, peut être un problème très difficile à gérer avec des médicaments ou avec la chirurgie, notamment en raison d’une efficacité insuffisante, d’effets secondaires ou des complications locales. La destruction de ces tissus anormaux par le froid (cryoablation) peut être réalisée en radiologie interventionnelle dans certaines situations, en minimisant le risque de survenue de complications, et en respectant les structures au voisinage des nodules. Les douleurs musculosquelettiques liées aux cancers Les causes de ces douleurs peuvent être multiples. Elles peuvent être directement causées par une métastase osseuse. Il peut aussi s’agir de douleurs survenant suite à la fracture d’un os fragilisé par une telle métastase, ou par la compression d’un nerf voisin de la tumeur. Certains cancers peuvent aussi s’accompagner de douleurs osseuses ou articulaires diffuses. Enfin, certains traitements tels que chimiothérapie ou radiothérapie peuvent eux-mêmes engendrer des douleurs. L’algoradiologie interventionnelle propose des solutions pour certaines de ces situations. Il est ainsi possible, via une procédure mini-invasive, de détruire une lésion cancéreuse par le chaud ou le froid. Il est également possible de consolider une lésion qui fragilise un os ou qui a engendré une fracture en positionnant une vis (ostéosynthèse percutanée) et/ou en injectant du ciment dans l’os (cimentoplastie). Ces techniques peuvent être associées. Soulignons que les techniques de radiologie interventionnelle sont particulièrement adaptées à certaines anatomies complexes comme le bassin. En outre, ces traitements présentent des risques de complications limitées. Ils permettent d’offrir un soulagement rapide, de maintenir une autonomie, et donc d’améliorer la qualité de vie. Une solution idéale pour toute douleur ? Les techniques d’algoradiologie interventionnelle sont adaptées lorsqu’une structure anatomique précise peut être mise en cause et traitée de manière sécurisée. Malheureusement, les causes des douleurs sont extrêmement variées, et même si les connaissances progressent, il n’est absolument pas possible de toutes les expliquer. Les douleurs chroniques, qui durent depuis longtemps, peuvent par exemple parfois être dues à un problème anatomique qui n’a jamais été correctement traité. Bien souvent, toutefois, de multiples phénomènes « invisibles » peuvent être responsables de cette douleur chronique : modifications des voies de la douleur, problème de moral, de qualité de sommeil, défaut d’activité physique, existence de tensions musculaires…. Parvenir à prendre en charge correctement ce type de douleur nécessite d’en déterminer précisément les causes, ce qui peut dans certains cas s’avérer particulièrement ardu. Une consultation en médecine de la douleur est alors nécessaire, afin d’avoir une vision globale de la situation et d’apprécier si une approche technique peut être pertinente.(source The Conversation) Publié par Dominique Manga
AUTEUR Jean-François Budzik Radiologue spécialisé en imagerie musculosquelettique diagnostique et interventionnelle, centre hospitalier de Bretagne Atlantique, Vannes - Professeur à l’Université Catholique de Lille, Institut catholique de Lille (ICL)

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